ASSOCIATION DES CONSEILLERS PÉDAGOGIQUES EN EPS DES BOUCHES DU RHÔNE

Article paru dans « Revue EPS1 n° 60 novembre-décembre 1992
par B. REVILLA ET J.R. COURTOIS

LE FORMATEUR ET SA VALISE

Pour ce qui relève des représentations dont il est aussi question dans cet article, certains, à l'évocation du mot « valise », ressentiront certainement une touche de magie, par association au prestidigitateur, comme d'autres s'imaginent voler dès qu'ils posent le pied sur un tapis d'Orient. Désolé pour tous. Il n'est nulle trace de rêve dans ce qui suit. Ni miracle, ni panacée. La valise du formateur, considéré comme personne-ressource, est de ces chapeaux dont on n'extirpe jamais de lapin. Elle a pour elle le fait d'être vrai et de ne contenir que des éléments rationnels et de bon sens. C'est une valise sans consigne et son service est public.
À chaque usager de l'empoigner comme il l'entendra. Il serait dommage, en effet, qu'au lieu d'ouvrir la voie elle restât sur le quai.

LE MAÎTRE : UN CAS SINGULIER

Dans l'absolu, le maître, tout maître, qui a charge d'enseigner l'EPS est un cas nécessairement particulier et ce pour de multiples raisons qui tiennent à :

  • ses compétences pédagogiques,
  • des conditions de travail spécifiques,
  • ses propres représentations de l'éducation en général, de l'EPS en particulier et de l'élève à former,
  • son vécu personnel (pédagogique, physique, sportif).

En outre, dans une société organisée qui est appelée à devenir «  toute entière éducative », le maître ne peut échapper à un certain nombre de pressions variées, elles aussi, émanant de sources diverses :

  • des parents,
  • des collectivités locales (intervenants extérieurs…
  • de l'institution scolaire (projets d'école, programmes, cycles d'enseignement, ARVE...),
  • des élèves eux-mêmes, dont les demandes s'expriment parfois de façon précise et insistante.

De cet ensemble naissent autant de questions que de besoins que l'on peut résumer en cinq points :

  • quelles activités choisir pour constituer un programme ?
  • comment analyser les activités ?
  • que proposer pour faire entrer les enfants dans l'activité ?
  • comment les faire progresser ?
  • comment développer des capacités transversales ?

LA FORMATION

La situation actuelle de la formation se caractérise par :

  • un relatif échec du modèle de formation par transmission ; former n'est pas informer, mais donner les moyens de s'adapter à des situations nouvelles,
  • une évolution rapide des contenus former c'est rendre capable de concevoir et d'utiliser des outils généralisables (cf. encadré).

LE FORMATEUR

À partir de l'analyse présente de la formation et des attentes des maîtres, notre réflexion nous a conduits à définir le rôle du formateur, à caractériser ce rôle et à envisager l'ensemble des ressources qu'il est à même de mobiliser face à la variété des demandes. D'où le terme « valise » qui nous semble plus approprié à la situation dans la mesure où il est acquis à tout le monde que « l'éponge magique », à savoir la description empirique des manques et les préservations des modèles, ne saurait suffire.

Son rôle :

  • mettre de l'ordre dans les pratiques,
  • aider à les dépasser,
  • engager les maîtres dans un processus d'autoformation (maîtrise de la didactique de l'EPS, initiation à la Recherche-Action).

Son action :

  • cibler la nature du problème,
  • donner les moyens d'y remédier et de le dépasser.

Son statut

Il bénéficie de :

  • l'appui de l'IEN
  • sa reconnaissance comme « personne-ressource » appartenant à une équipe de circonscription ou départementale.

Son attitude

Elle se doit d'être positive, faite d'écoute et d'aide à partir des représentations, des connaissances et des compétences qui, forcément, existent.

Ses connaissances

  • traitement didactique des APS.
  • apprentissage moteur chez l'enfant
  • technique d'enseignement de l'EPS
  • documents exploitables par les maîtres.

CONCLUSION

Le formateur est un enseignant dont la matière est l'enseignement de l'EPS et qui a pour élèves des enseignants. À lui de mettre en œuvre les principes qu'il préconise :

  • connaître les éléments qui constituent sa matière (les compétences pour enseigner l'EPS)
  • repérer le niveau de compétences, le problème principal à résoudre pour progresser
  • apporter des remèdes personnalisés : des contenus et des démarches de formation adaptés
  • donner des outils pour évaluer les progrès et des clefs pour dépasser les compétences acquises.

Les pratiques de formation traditionnelles (juxtaposition de connaissances théoriques, fiches didactiques des activités physiques, discours ou démonstration...) doivent faire place à des actions méthodiques : diagnostic précis des besoins, puis aide au développement des compétences pour la mise en œuvre des séances. C'est peut-être à ce prix qu'en bout de chaîne sera mesurée la meilleure qualité de l'éducation physique proposée aux enfants.

Des outils - Des méthodes

Pour diagnostiquer

Grilles avec des indicateurs permettant l'évaluation de l'habileté à enseigner (compétences et connaissances nécessaires aux différents niveaux de pratiques pédagogiques)

Pour remédier ou dépasser

  • Des contenus
    • Cadres méthodologiques pour concevoir globalement l'ensemble projets/cycles/séances/situations.
    • Cadre d'analyse didactique des activités
    • Batteries de situations problèmes
    • Référentiels de niveaux de pratique par activité (repères, critères, indicateurs)
    • Documents pratiques (écrit, vidéo, informatique) organisés en répertoire par thèmes
    • Outils méthodologiques pour guider une « Recherche Action »
  • Des démarches
    • Accompagnement des projets et non pas substitution aux maîtres
    • Guidage de Recherche-Action après repérage des problèmes professionnels concernant les fonctions de conception, de conduite ou d'évaluation de l'enseignement
    • Auto-évaluation des compétences pédagogiques à l'aide d'outils adaptés
    • Études, analyses, synthèses de documents biblio et vidéographiques
    • Utilisation de didacticiels